Le Kongo Central est l'une des plus anciennes provinces de la République Démocratique du Congo. Sa superficie actuelle constituait l'une des parties du Royaume Kongo.
En 1962, deux ans après l'indépendance du Congo, la Province de Léopoldville est divisée en deux : la Province du Bas-Congo (actuel Kongo Central) avec comme chef-lieu Songololo, et la Province de Bandundu dont le chef-lieu Kikwit sera transféré plus tard à Bandundu-ville.
Malgré les différentes secousses entraînées par la constitution (fédéraliste) de 1964 dite « de Luluabourg », la Province du Kongo Central ne bouge pas. Elle constitue déjà à cette époque l'une des 11 provinces de la République Démocratique du Congo.
Si la nouvelle constitution de 1965 n'entraîne aucune modification sur la province, la journée des 3Z (27 octobre 1971) va bouleverser certaines réalités de l'époque, notamment la débâptisation de la Province du Kongo Central qui devient la Province du Bas-Zaïre.
A la création de la Province du Kongo Central, celle-ci ne comptait que deux districts (ou sous-régions pendant la 2ème République) : le district des Cataractes et le district du Bas-Congo. Ce n'est que quelques années plus tard que le district de Lukaya s’ajoutera à la liste des districts.
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE
Avec ses 53.947 km² soit 2,3% de la superficie totale du pays et une densité de 103 hab./km2, elle compte comme principales activités l’agriculture et le commerce.
La Province du Kongo Central s'étend entre 4° et 6° de latitude Sud, et 12° et 16° de longitude Est et est limitée :
-
Au Nord par la République du Congo (Brazzaville),
-
Au Sud par l'Angola,
-
A l'Ouest par l'enclave de Cabinda et l'Océan Atlantique ;
-
A l'Est par la ville de Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo et la Province du Kwango.
Le Kongo Central est traversé par le fleuve Congo du Nord-Est au Sud-Ouest sur une longueur de 400 km dont 168 seulement sont navigables entre l'embouchure et Matadi, ville portuaire et chef-lieu des institutions politico-administratives du Kongo Central.
I.1. Le climat
Le Kongo Central est caractérisé par une courte saison sèche de mai à septembre et une longue saison de pluies d'octobre à mai, entrecoupée d'une petite saison sèche entre janvier et février. L'originalité du climat du Kongo Central réside dans le régime des pluies et la durée de la saison sèche. En effet, à la même latitude, il pleut moins, surtout dans la région côtière, qu’à l'Est. Le nombre de jours de pluies y est moins élevé, la saison sèche par contre est plus longue, et la petite saison sèche, plus nette.
Le Kongo Central est la province la moins arrosée du pays avec la plus grande variation interannuelle des précipitations. Ce qui explique la fréquence de la sécheresse.
Le courant marin de Benguela y est pour beaucoup et la sécheresse est un phénomène périodique et perturbateur au Kongo Central. Cela est dû :
-
A la faiblesse des taux pluviométriques : le Kongo Central enregistre les plus faibles taux pluviométriques du pays. Les pluies diminuent d'Est à l'Ouest (1.500 mm au Kwango et 900 mm sur la côte Atlantique) ;
-
Aux irrégularités interannuelles : on assiste à une succession d'années sèches et d'années pluvieuses.
Il existe au Kongo Central des variétés climatiques régionales sensibles. On peut les résumer comme suit :
-
La région littorale : températures élevées, sécheresse très prononcée ;
-
Le Mayombe : sécheresse moins accentuée, grande irrégularité de précipitations, températures plus fraîches ;
-
Les territoires de Manyanga et Songololo : région assez sèche dans l'ensemble, sauf les zones élevées (massifs, montagnes, crêtes) où les précipitations sont abondantes et les températures fraîches ;
-
Le Sud des Cataractes (de Mbanza-Ngungu à Kinshasa) : zone de transition assez humide avec des fortes pluies ; températures moins élevées sur les sommets (Bangu, Mbanza-Ngungu) et plus chaudes et moins arrosées dans la dépression.
I.2. Le relief et le sol
Le Kongo Central a un relief très varié dans le détail ; mais il est essentiellement une province des plateaux plus ou moins vivement disséqués et jamais très élevés. L'altitude dépasse rarement 750 m.
Nous pouvons distinguer quatre régions dans le Kongo Central : la région côtière, la région de Mayombe, la région des Cataractes et les confins du Kongo du Central (aux abords du Kwango).
La province du Kongo Central compte quatre types de sol à savoir :
-
Les sols sablonneux du type arénoferral : c'est un type de sol médiocre qui ne convient pas à l'agriculture, mais qui peut convenir à l'élevage (Nord de l'île de Mateba) ;
-
Les sols argilo-sablonneux et argileux : sont situés à Lukula, Tshela, au Nord et Nord-Ouest de Seke-Banza (District du Bas-Fleuve) ; ces terres appartiennent au groupe ferrasol sur roche basique, sauf l'Ouest qui est du type grès sublittoraux crétacés. En général, la fertilité est moyenne à l'exception de la partie Ouest (sablonneuse) ;
-
Les sols argilo-sablonneux : sont situés au Sud de Seke-Banza (District du Bas-Fleuve), au Sud-Ouest de Luozi (District des Cataractes), à Mbanza-Ngungu sauf au Nord-Ouest (District des Cataractes), à Madimba, vallée de l'Inkisi (District de Lukaya). De l'Ouest à l'Est, on distingue le système Mayombe, le système Haut-Shiloango, la tillite et le système schiste-calcaire. La texture est argilo-limoneuse à argilo-sablonneuse ; c'est un sol fertile, sauf au Sud de Mbanza-Ngungu (District des Cataractes) où la texture est constituée de sable fin ;
-
Les sols sablo-argileux avec tâches argilo-sablonneuses se trouvent au Nord et à l'Est de Luozi (District des Cataractes), au Nord-Ouest de Mbanza-Ngungu (District des Cataractes) et dans le District de Lukaya ; ces sols sont fragiles et faiblement fertiles.
I.3. L'hydrographie
Le Kongo Central fait partie du grand bassin du fleuve Congo, à l'exception du Mayombe drainé par le fleuve Shiloango. Cependant, l'apport des affluents du Kongo Central au débit du fleuve est minime (1,5 % au maximum). De même, si le fleuve Congo est une voie de communication principale pour la République Démocratique du Congo, la partie navigable du Kongo Central n'est que de 168 km entre Matadi et Banana. Ainsi, sur 400 km entre Kinshasa et Banana, 232 km (Kinshasa-Matadi) ne sont pas navigables à cause des chutes et des rapides.
En outre, le fleuve Congo regorge d’un formidable potentiel hydro-électrique estimé à 100.000 Mégawatts dont 58.000 Mégawatts entre Kinshasa et Matadi sur le territoire du Kongo Central. En dehors du fleuve Congo, le réseau hydrographique du Kongo Central est formé de nombreuses rivières aux dimensions plus modestes dont les plus importantes sont : Inkisi, Nsele, Mfidi, Lubishi, Lumene, Bombo, Lufimi, Luidi, Lukunga, Ngufu, Mosi, Mobi, Lugunga, Kwilu, Lufu, Mfumu, Yambi, Luala, Tombe, Lunionzo, Madiadia, Luima, Sanzikua, Lukasu, Ngudi, Luozi, Luenda, Lukula, Lubuzi, Mbavu, Lemba, Luangu, Mbulu, Nkiela, Ndudi, ainsi que le Fleuve Shiloango dans le territoire du Bas-Fleuve;
II. INFRASTRUCTURES DE BASE
Le réseau routier du Kongo Central est faiblement développé en dehors la Nationale n°1 (RN1). Il compte 673 km de route asphaltée sur un total de 16 934 km. Toutefois, le tronçon de la RN1 qui traverse le Kongo Central est l’un des plus étendus et mieux entretenus du pays.
Le Kongo Central compte plus de 1400 ponts dont le plus connu est le pont Matadi (ancien pont Maréchal-Mobutu) qui est le pont suspendu le plus long d’Afrique. Les réseaux ferroviaire et fluvial ont vu leur état général se dégrader depuis l'indépendance par manque d'entretien.
La province du Kongo Central compte deux aérodromes, celui de la ville de Matadi et de Boma.
Le Kongo Central dispose d'un chemin de fer doté d'une ligne à voie unique de 365 km de long, sous ballastée, de 57 ponts métalliques d’une longueur totale de 1 158,44 m, de deux tunnels de 90 m de longueur et de 40 gares.
La province dispose de deux biefs fluviaux navigables, celui de Matadi–Banana long de 150 km et celui de Mpioka–Kinganga long d'environ 80 km. Trois ports sont à comptabiliser dans l'actif du Kongo Central : le port de Matadi ( longueur : 1610 m avec 10 quais; superficie : 71 000 m²), le port de Boma (longueur : 450 m avec 4 quais) et le débarcadère de Banana (longueur : 75 m).
Le transport ferroviaire est géré par la Société Congolaise des Transports et et des Ports (SCTP), ex-Office National des Transports (ONATRA). Le transport fluvial et maritime est géré par la Régie des Voies Maritimes (RVM).
III . SITUATION ECONOMIQUE
La province du Kongo Central est parmi les plus actives de la République démocratique du Congo avec une économie très développée (produits agricoles, productions industrielles et autres), favorisée par sa situation géographique (le littoral maritime), son sol arable, son chemin de fer reliant la ville de Kinshasa (la capitale) à la ville portuaire de Matadi, le pont Matadi (ancien pont Maréchal-Mobutu) reliant la ville portuaire de Boma à celle de Matadi et donnant aussi accès à la plage de Moanda.
Le Kongo Central dispose des potentialités énergétiques considérables et d’un capital forestier constitué de 522.350,67 hectares qui renferment diverses essences forestières exploitables. Son sous-sol regorge également d’importants gisements miniers (or, diamant, cuivre, zinc, plomb, vanadium, bauxite, etc.) et hydrauliques (pétrole).
La province du Kongo Central possède un barrage hydroélectrique (INGA) compté parmi les grands du monde. Elle compte comme industries locales des cimenteries, des sociétés pétrolières, des minoteries, des sucrières, etc. Il existe au Kongo Central tous les modes de transport.
Pour ces raisons et tant d'autres essentiellement géographiques et historiques, elle fait partie des provinces les plus touristiques du Congo-Kinshasa.
Sa spécificité économique tient à une diversité considérable :
-
Énergie électrique : barrage d'Inga, centrales de Tsango et de Zongo
-
Produits agricoles et autres : riz, manioc (fufu), sisal, fibres, sésame, canne à sucre, bois, légumes, élevage, huile de palme, arachide, banane, caoutchouc, etc.
-
Productions minières : pétrole et existence de gisements considérables de différents minerais non exploités
-
Productions industrielles :
-
Raffinerie du pétrole (à Moanda)
-
Industrie alimentaire : sucrière (Kwilu-Ngongo), minoterie (Midema à Matadi), huileries
-
Cimenterie : ciment, bitume, calcaire et chaux (à Kimpese et Lukula)
Les cultures vivrières comme le manioc, tomates, oignons, haricot et autres sont produites par la population et ravitaillent les grands centres de consommation comme Kinshasa, la capitale nationale.
|